Les grands crus de Bordeaux jouent la carte de la marque pour une nouvelle clientèle.
Suite à une campagne « Primeurs 2017 » terne pour l’ensemble des négociants bordelais, avec un fort recul des volumes de ventes ( certains importateurs outre-Manche ont connu la plus mauvaise campagne depuis le millésime 2013), les grands châteaux ne semblent pas inquiets. En effet, ils développent de nouvelles stratégies commerciales et l’une d’entre elle est de valoriser leur deuxième et troisième vin. Les exemples sont nombreux : Château Margaux va augmenter le volume de son troisième vin ( Margaux de château Margaux), Angelus va faire de même avec Carillon d’Angelus ( Le volume devrait passer de 40 000 à 80 000 bouteilles ), Latour communique désormais sur son Pauillac de Latour, Château Pichon Longueville Baron met en avant son Pauillac « générique » et enfin Montrose met sur le marché son « Estèphe de Montrose ».
Quelle mouche à piquer ces grands crus? Dans un contexte où les premiers vins deviennent de plus en plus chers et inaccessibles, les grands châteaux voient l’opportunité de profiter de leur marque forte pour la capitaliser sur une nouvelle gamme. Ainsi, ils pourront cibler de nouveaux marchés, de nouveaux clients plus jeunes, être plus présents en restauration en Europe, U.S.A et Asie. La prise en main d’une nouvelle génération de directeurs de grands crus joue sans doute un rôle non négligeable ( Alexandra Petit Mentzelopoulos à la tête de Château Margaux, Saskia de Rothschild à Lafite Rothschild, Stéphanie de Boüard à Angelus). Dans l’interview d’un magazine américain, Saskia de Rothschild (30 ans) reconnaissait que ses amis ne buvaient pas de Bordeaux. Cette jeune génération trentenaire, féminine de surcroît, a compris les nouveaux enjeux de la consommation de vins dans le monde et elle veut y jouer un rôle. Proposer des vins à boire plus jeunes, plus « sexy », plus modernes, qui répondront à une clientèle de millénials, moins attirée pour l’instant par les Bordeaux, devient ainsi son objectif. On assiste donc à la mise en place d’une nouvelle politique commerciale de ses grands crus. Les premiers retours des différents marchés où ces grands crus sont présents, semblent plutôt positifs. Les restaurateurs américains se réconcilient un peu avec Bordeaux. Certains acteurs du marché US trouvent cependant que la marque est chèrement payée mais ils reconnaissent que les consommateurs ne sont pas insensibles à ces belles marques des grands châteaux. D’un point de vue économique, il faut souligner que les deuxième vins ( issus de belles marques) n’ont jamais connu une aussi forte croissance des prix et un intérêt grandissant des marchands de vins et ce depuis quelques années (Les études de la bourse des vins à Londres ( LIVEX) le montrent, chiffres à l’appui). Il est plus aisé de communiquer sur une belle étiquette dont la notoriété est forte. Au fond, il n’est pas étonnant de voir ces grands crus utiliser les mêmes recettes que les grandes marques du monde du luxe.
Commentaires
Enregistrer un commentaire