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Les Bordeaux Primeurs 2017, un bel outil de com..




Les derniers prix des primeurs 2017 des premiers crus de Bordeaux viennent de sortir avec Lafite Rothschild et Cheval Blanc. 420 euros (HT/ départ château/prix aux négociants) pour le premier et 432 euros pour le second. Une baisse de prix de 8 à 22% par rapport au millésime 2016, il est vrai réputé exceptionnel. Malgré cette baisse des prix, le marché des primeurs ne s’est pas enflammé, loin de là, et d’après les informations reçues du Livex à Londres ( 1ère bourse financière des grands crus) , la campagne est très atone, terne,  en fort repli par rapport à la campagne 2016 ( -75%). Le niveau des transactions serait proche de celui de 2013, annus horribilis pour Bordeaux. Mais il faut dire que le millésime 2017 ne s’est pas présenté sous les meilleurs auspices; le gelée d’Avril a mis à mal la production bordelaise même si certains crus ont été épargnés comme ceux du nord Médoc et de certains coteaux de Saint-Emilion. La réputation du 2017 a alors été entachée d’une mauvaise image au départ, liée à cet accident climatique et l’on craignait pour la qualité générale du millésime. En fait, après dégustation, les vins sont apparus bons mais pas exceptionnels, en dessous du niveau élevé de 2016 et 2015. Si l’on est lucide et réaliste, une campagne « primeur » à oublier mais contrairement à ce que nous pourrions penser, pas si décevante pour les grands châteaux. Ils ont volontairement diminuer les quantités offertes en primeur  pour pouvoir, par la suite, diffuser leur vin auprès de leurs clients, empochant ainsi une plus value potentielle. L’exemple de château ANGELUS ( 2017 : 276 euros HT) est éloquent. La nouvelle responsable du domaine, Stéphanie de Bouard, a décidé de volontairement réduire l’offre quantitative du 2017  ( -60 % de volume offert par rapport à 2016 alors que la production du 2017 est en repli de 20% ) pour se laisser la possibilité d’assurer plus tard une diffusion sélective sur les marchés retenues. Les primeurs existent toujours et ils existeront toujours mais on constate que les châteaux font « un mix marketing » entre marché primeurs et marché du « livrable ». Certains sont jusqu’au boutistes comme LATOUR qui a décidé en 2012 de ne plus vendre en primeur, afin de proposer des vins »matures » sur le marché. Sans remettre en cause les « primeurs » qui jouent un rôle moteur dans la distribution des grands crus, on voit cependant que sur les années plus difficiles, l’impact commercial des primeurs est alors réduit. De plus, les châteaux cherchent à avoir une plus grande part du gâteau de la plus value potentielle faite au cours du temps; Par le fait qu’ils en ont les moyens financiers, ils n’ont forcément plus besoin des rentrées des primeurs pour couvrir leur frais d’exploitation de l’année en cours comme cela était le cas voila quelques décennies. Mais pour certains crus, les primeurs sont l’occasion  de faire échos à une nouvelle politique qualitative, à affirmer leur rôle de nouveau challenger alors que pour certains étaient de beaux endormis : Calon Ségur, les Carmes Haut Brion, Haut Batailley, Figeac.... Le marché des primeurs est donc toujours promis à un bel avenir, malgré les critiques qui le menacent, tout du moins et au minima, comme un outil de communication.....

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