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Quand une grande enseigne française fait passer un négociant pour un vigneron lors d’une foire aux vins ?


En première page de la brochure « foire aux vins 2018 » proposée par la plus grande enseigne de distribution française, une belle photo présente l’œnologue « maison » entourée de personnages plantureux chaussés de basket dans les vignes et en médaillon, l’étiquette du cru « star » de la sélection 2018. . Rien d’anormal me direz-vous. Mais à y regarder de plus près, on est d’abord étonné par le nom du vin qui rappelle un grand cru de la rive droite de Bordeaux mais sans le nom de « château ». Et le propriétaire de ce grand cru ne ressemble en rien avec la personne présentée en couverture. Le propriétaire aurait-il changé? Rien de cela. Quand on travaille dans le monde du vin, on est amené au cours du temps à rencontrer les acteurs viticoles et le visage du personnage en question n’est pas inconnu. Il s’agit d’un négociant, non pas un viticulteur mais là n’est pas le problème.Faire passer sciemment cette personne pour un vigneron peut déranger. Une faute de « frappe »peut arriver mais un article complet développant qu’il s’agit d’un vigneron, là il y’a mystification.  Aurait-on besoin de draper le négociant de l’habit de viticulteur? L’image de négociant serait-elle à ce point ternie pour qu’il n’apparaisse pas tel qu’il est? Ou bien l’image du vigneron est-elle plus porteuse pour vendre?. Par la réalisation d’une telle brochure, nous avons les réponses à nos questions. Cette tromperie ne peut satisfaire personne, ni les négociants en général,  ni à fortiori les vignerons dont on usurpe l’identité et ni surtout les consommateurs. Ce dernier croit acheter un vin de vigneron alors qu’il est un vin de négociant (issu sans doute de plusieurs vignerons et vendus en vrac). Ce vin peut être excellent par ailleurs mais on ne peut tromper sur son origine, surtout lorsqu’on est un distributeur reconnu, coté au CAC 40. La crédibilité et le sérieux de cette valeur cotée en bourse peut être remise en cause. Outre le fait que le consommateur ai été trompé, nous pouvons nous interroger sur l’utilisation de l’image du  vigneron. On le sait, l’image est très « vendeuse » faisant référence à l’imagerie d’Epinal de la vigne, sa culture, son authenticité de production, sa « regionalisation », l’homme ou la femme élaborant avec passion le cru. Le vigneron dispose d’une bonne image auprès du grand public et nous en sommes heureux mais faut-il que cela reflète la réalité. L’authenticité  ne peut être porteuse de valeur que si elle est sincère et vraie. 

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